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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 19:24
Ultra tour des 4 Massifs à Grenoble (38) le 22 août 2014

168 kms 9500 m D+

Comme son nom l’indique, le parcours nous emmène dans les quatre massifs entourant Grenoble : le Vercors, le Taillefer, la Belledonne et la Chartreuse. D’autres formats de courses sont au programme : un 40 kms, un 90 kms et un relais de quatre sur le 160 kms.

Vendredi 22 Août, 8h00 du matin sous un ciel totalement bleu : le départ tant attendu est donné du centre de Grenoble (alt. : 220 m), pour emprunter de larges avenues vers le massif du Vercors. Le premier objectif est le sommet du Moucherotte (17ème km, 1880 m, 11h35) via Saint Nizier, en longeant le tremplin délabré des Jeux Olympiques de 1968. Le tableau des chronos dépasse dans la végétation. Assez rapidement, je vais m’apercevoir que mes chaussures Asics Trabuco Fuji ne sont pas à la hauteur de l’évènement. Elles glissent dès la montée comme si j’avais une planche de bois sous chaque pied. Et je ressens les aspérités du sol. Pourtant, mes différentes paires précédentes de Trabuco ont toujours été excellentes. Le Moucherotte offre un panorama fabuleux sur les massifs montagneux environnants. Nous avons même l’opportunité de voir le Mont-Blanc au loin tellement la vue est dégagée. A la sortie d’un massif forestier, dans la redescente sur les contreforts du Vercors, le sentier est trop raide avant de rejoindre, une seconde fois, l’enclos du tremplin. L’accroche des chaussures est de nouveau très limite. Nous recôtoyons l’équipement sportif abandonné, avant un second ravitaillement bienvenu avant la chaleur de la journée. La suite sera plus monotone au pied du massif du Vercors puis sur la remontée dans la montagne d’Uriol (42ème km, 780 m). La redescente toute aussi ennuyeuse dans la vallée rejoint Vif, point de ravitaillement toujours appréciable (46ème km, 310m, 16h20). Le plein de soupe et de fromage fait, je repars pour le deuxième massif : celui du Taillefer. La remontée dans la forêt reste pénible comme à chaque fois. Nous rejoignons différents lacs d’altitude entre Laffrey (60ème km, 910 m, 19h21) au pied de l’Alpe du Grand Serre et Poursollet (79ème km, 1640 m), lieu d’un petit ravitaillement sympathique où les jeunes bénévoles jouent de la musique et chantent.

Après ce moment de détente, la descente nocturne sur Rioupéroux (87ème km, 540 m, 02h41), première base vie du parcours, va être un calvaire. Elle restera le plus mauvais souvenir de cette épreuve. Pourtant, les autres coureurs ont l’air de la descendre facilement. Pour moi, cela durera 1h10 à batailler pour ne pas se casser un os, sur un petit sentier raide dans la forêt. Même un moment, la colonne vertébrale a trinqué en se courbant vers l’avant au maximum. L’accroche des chaussures est encore très incertaine. Par endroits, je m’agrippe aux arbres pour prévenir une chute. Heureux de parvenir enfin en bas à Rioupéroux, je récupère le premier sac d’assistance. Les bols de soupe chaude redonnent du courage. Mais, une nouvelle difficulté me fait face : l’ascension nocturne de la Croix de Chamrousse. Cela va être encore terrible. La patience va de nouveau œuvrer. La nuit cède la place à la brume sur les hauteurs. Le poste de ravitaillement (96ème km, 2230 m, 7h34) situé dans le bâtiment du téléphérique est noyé et envahi par le brouillard. Il fait froid maintenant. Les organisateurs nous laissent redescendre uniquement en groupe. Il est vrai que les rubalises sont très difficiles à distinguer dans cette purée de pois. N’avançant pas vite, je finis par me retrouver tout seul dans la nature alternant des petits lacs de montagne, de la forêt et des massifs rocheux. Le sentier rejoint un alpage où la présence d’un patou est annoncée. Il faut marcher loin de lui au lieu de courir, selon les conseils des organisateurs. Mais point de patou présent près du refuge de la Pra (102ème km, 2100 m, 10h00). Les zones dangereuses sont toujours précédées d’un panneau d’avertissement. Et le balisage est toujours impeccable. Nous rejoignons toujours dans le brouillard le Grand Colon (105ème km, 2370m), par un sentier zigzaguant dans la roche instable. Une descente de 20 kms interminables commence pour quitter le brouillard et retrouver un ciel bleu et ensoleillé. Les petits villages déserts s’enchaînent les uns après les autres. La deuxième base vie se trouve au bout du monde. Mais enfin j’atteins Saint Nazaire-les-Eymes (126ème km, 286 m) en commençant à louvoyer légèrement sur les trottoirs. Je récupère le 2ème sac d’assistance avec l’arme secrète : un bon emplâtre imprégné d’un anti-inflammatoire pour chaque cuisse. Grosse pensée pour la Guilloufête ! Après un bon ravitaillement en fromages, soupe et coca, je repars en direction du dernier massif à franchir : celui de Chartreuse avec l’ascension de son point culminant, le Chamechaude. Encore une montée lente sur laquelle les autres compétiteurs me dépassent régulièrement. Sorti de la forêt, nous regagnons les alpages. A un col, nous cheminons entre les vaches bien enveloppées qui nous regardent tout en s’écartant méfiantes. La nuit finit par nous rattraper avant l’arrivée au Habert (synonyme de bergerie) de Chamechaude (139ème km, 1570 m). La fatigue est bien là avec l’audition de voix dans la forêt. J’hésite à y rester pour dormir un peu mais l’endroit est exigu et un peu bruyant. Encore une belle ambiance à ce point de ravitaillement où chaque bénévole prend en charge un coureur. Finalement, je décide de continuer et d’affronter la dernière grosse difficulté, la montée finale à Chamechaude (141ème km, 2020 m), avant éventuellement de me reposer au poste suivant. De nouveau, je me fais doubler copieusement dans cette ascension difficile et raide par endroits. Le paysage nocturne est tout blanc à cause du calcaire constituant la montagne. Le point de contrôle du sommet passé, la descente ne s’en trouve pas plus facile. Et en plus, elle est interminable et parfois trop pentu. Je descends machinalement et finis par m’apercevoir que je me retrouve seul sur ce parcours. Les rubalises sont pourtant bien présentes. Je doute du tracé et rebrousse mon chemin persuadé d’avoir raté la bonne voie. Finalement, des lumières se dirigent vers moi. Deux bolides me doublent très rapidement pour disparaître dans l’obscurité de l’horizon. Le parcours devient plus chaotique. Nous croisons les concurrents qui gravissent, à leur tour, Chamechaude. Ils n’ont pas l’air très dynamique ce qui me redonne du courage. Comme moi, ils subissent logiquement les difficultés de ce beau parcours. Revenu à l’altitude de l’Habert et après avoir passé la barrière à bovins, je me retrouve complètement seul, de nouveau, sur une route forestière qui descend sans fin dans la vallée. Ce temps de réflexion mis à profit me permet de trancher entre continuer les 19 derniers kms avec 500 m de D+ dans un état second (l’impression de zigzaguer par endroit, la perception de voix improbables s’échappant de la forêt environnante et des formes irréelles apparaissant au loin) qui va s’aggraver ou m’arrêter 90 minutes pour une sieste réparatrice et repartir peut-être regonflé. Finalement, au diable le chronomètre, la prudence s’impose comme depuis le départ de cette épreuve. De plus, le fait de m’arrêter va me permettre de terminer de jour. Sans hésitation au point de ravitaillement du Sappey (149ème km, 1000 m, 03h03), toujours situé au bout du monde comme à chaque fois sur cet Ut4M, je fonce directement rejoindre les lits de camp.

Au bout de 90 minutes, je me réveille curieusement par moi-même, comme si j’avais un réveille-matin dans la tête. La donne n’est plus la même. La forme est incroyable comme si le périple démarrait. Les emplâtres ont enfin fait leur effet : plus aucune douleur dans les cuisses. Les 19 derniers kms vont être de toute beauté physiquement et aussi visuellement. C’est fini maintenant de se faire dépasser. Le scénario est inversé. Il est vrai que je me retrouve avec des coureurs plus de mon niveau. L’envie de se battre et de rien lâcher me pousse à maintenir un bon rythme. Les 400 m de D+ sont effectués plus rapidement que ce je pouvais l’espérer pour rejoindre le Fort Saint Eymard (154ème km, 1320 m). Ce dernier surplombe la cuvette grenobloise illuminée de toute part en cette fin de nuit. A l’inverse, les fossés et les casemates du fort sont difficilement distinguables. Le ciel commence à s’éclaircir avant d’amorcer une nouvelle descente tambour battant vers le col de Vence (157ème km, 790 m, 6h35). A chaque virage, la vue sur Grenoble éclairée par ses lampadaires change avec la levée progressive du jour. Quel ravissement ! Je file toujours en courant vers la Bastille (162ème km, 500 m), encore une forteresse située juste au dessus des limites de la ville. J’avais reconnu au préalable le parcours final qui est très facile à courir. Celui-ci me permet de rattraper des concurrents qui marchent dans la dernière descente. Arrivé dans la ville, l’Isère est aussitôt traversée pour la longer sur les ultimes 3,5 kms, un peu monotone. Je ne fais étonnement que courir sans forcer et doubler depuis le Fort Saint Eymard. La sieste fut donc très bénéfique. Seul un jeunot sorti de nulle part et à un rythme insoutenable me dépassera dans les derniers centaines de mètres. La ligne d’arrivée sera franchie au bout de 48h29mn (174ème sur 244 arrivants et 385 partants, dimanche 08h33), dans le parc Paul Mistral, entouré au loin de tous les massifs que nous venons de traverser. Le premier aura mis 26 heures pour parcourir cette magnifique boucle. Plus d’un tiers des concurrents du 160 kms ne termineront pas l’épreuve limitée à 53 heures. L’euphorie s’estompe tranquillement comme si je venais de courir un simple 10 kms. Aucune douleur n’est perceptible à part quelques doigts de pieds gonflés et échauffés. Mais Morphée m’attend désormais pour récupérer mentalement et physiquement. Je ne pourrais plus lui échapper. Je n’ai pas été très vite comme d’habitude par manque d’un entraînement correcte, d’acclimatation à la montagne et aussi par prudence qui a fini par payer au final.

Olivier

PS : Merci aux photographes de la course (Benoît Audigé & Russell Standring) pour leur clichés magnifiques !

Ultra tour des 4 Massifs à Grenoble (38) le 22 août 2014
Ultra tour des 4 Massifs à Grenoble (38) le 22 août 2014
Ultra tour des 4 Massifs à Grenoble (38) le 22 août 2014
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commentaires

P
J'apprécie votre blog, n'hésitez pas a visiter le mien.<br /> Cordialement
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A
Merci très beaucoup pour cet article. Sympa.
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C
Chapeau Olivier, et mille Bravos! <br /> Mais alors qu'est-ce que ça aurait donné avec un entraînement approprié !<br /> Belle épreuve de volonté et de dépassement de soi !<br /> Encore bravo et à très bientôt au resto avec uniquement quelques petites marches de dénivelé ! Trop cool.
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P
Très bon reportage de ta course Olivier, je suis toujours admiratif de tes &quot;exploits&quot; et de ton mental.<br /> Je souhaite pour ton prochain défi autant de réussite.
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B
.... !! Arriver à boucler 170 bornes sans entraînement spécifique et sans même parler de véritable entraînement,,, on dit quoi ??? que c'est exceptionnel ! et que M. Ciolina mérite des félicitations, les miennes c'est sûr !! et qu'il a bien fait de dormir !!!
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